J'ai commencé à revoir Antoine il y a un peu plus d'un an. Sans gaité de coeur. J'ai accepté voilà tout. Le plaisir n'est revenu qu'ensuite. Et je ne me suis faite de nouveau bluffée qu'encore après. Edwige avait toujours trouvé Antoine formidable. Elle ne s'en était jamais cachée. Lorsqu'elle ruminait, en pauvre célibataire, elle soupirait et ajoutait que je connaissait mal ma chance. « Si seulement... » disent les personnes qui se morfondent dans leur existence en attendant un déclic pour ramener un sourire sur leur visage. Ceux sont souvent des gens qui aiment vivre intensément, qui espèrent plus de la vie qu'elle ne peut leur apporter. Je le sais bien. Je suis parfois comme cela. Je suis moi aussi un peu comme cela. Alors Edwige attendait. Elle attendait en disant « Si seulement j'avais un mec comme le tien, si seulement j'étais avec quelqu'un comme Antoine ». « Désolée, disais-je, il a bien un frère mais c'est un sombre con ».

_ Le clonage a fait beaucoup de progrès non?

_ Non.

Non. Je n'ai pas été étonnée lorsqu'Edwige m'a annoncé la nouvelle en ne sachant trop comment commencer et finir ses phrases. Ils étaient ensemble depuis déjà six mois. « Six mois de mensonge » ai-je pensé non sans dégout et honte. Dégoût de ses mensonges. Honte de ne pas me réjouir de son bonheur. Après tout c'était moi qui avait quitté Antoine. « Viens plus me voir pour pleurer lorsque tu as quelque chose qui va mal ma vieille, maintenant je m'en laverai les mains! » ai-je pensé. J'ai allumé une clope et lui en ai proposé une qu'elle a refusé. J'ai joué à l'emmerder avec la fumée que je recrachais.

_ Je suis vriament heureuse pour toi! Ai-je dit.

_ C'est vrai? Je pensais que...

_ Tu sais, ce n'est pas parce que ça n'a pas marché entre Antoine et moi que ça ne marchera pas entre vous...

Voilà pour son petit visage d'ange blonde. Je l'ai regardée douter un instant, et avec un immense plaisir. « On va les faire ses soldes? » me suis-je enthousiasmée.