Et la reprise se profile. Retour en classe programmé pour le lundi à venir. Petite angoisse en y pensant. La douleur est très loin même si je sens encore une gêne et que par moment elle revient. Il reste encore du boulot chez le kiné, mais ça va devenir nettement moins tendre, maintenant ça va devenir sportif ! Six semaines sans travailler, et j’ai cette impression d’avoir oublié plein de choses, d’avoir vécu assez loin de tout cela. Il va falloir se remettre dans le bain. Je compte y aller doucement. D’une certaine façon je suis plutôt satisfaite, les journées sont longues seule, même si j’ai pu me remettre à écrire, discuter sur internet, m’occuper de mon blog. J’espère que je ne serai pas de nouveau avalée par mon boulot et que je pourrai continuer à trouver du temps pour moi et du temps pour l’écriture. Je n’ai pas l’impression que tout soit réglé. Suis-je capable d’aimer vraiment la vie ?

L’inactivité, que j’appelais pourtant de mes vœux avant d’être arrêtée, me disant que j’aimerai faire une longue pause, n’est finalement pas que bénéfique. Beaucoup de temps pour penser, réfléchir… Et fumer plus qu’il ne faut. J’ai tant pensé, que je me connais beaucoup mieux, et pas forcément pour le meilleur. Il me semble avoir trouvé une sorte de grand vide, une sorte de faille en moi, je me l’imagine comme une sorte de grand V noir qui me traverse en partant du cou jusqu’au bas du ventre. Tout s’y engouffre, délires, doutes en moi, angoisse du futur… Dans cette société où se réaliser semble être l’objectif majeur, avec la jeunesse éternelle et le bonheur, je doute de me réaliser un jour. De connaître un apaisement semblable à ce que j’ai pu connaître autrefois. Des situations qui provoquent bonheur et satisfaction chez d’autres me renvoient, tels un miroir, mes frousses. Je ne suis pas heureuse, très souvent, là où d’autres le seraient. Suis-je incapable au bonheur ?

Il me semble pourtant avoir tout compris des petits bonheurs simples de la vie. Je sais parfois en profiter. Je le fais même souvent très bien. Mais parfois je nage en plein brouillard, je suis insensible, il me semble qu’un voile flotte entre moi et le reste du monde. Entre mes yeux et mes sens, et la réalité… Il arrive que ce sentiment soit doux. Je l’ai parfois attisé lorsque je me sentais trop, inversement, emportée  par le réel. Trop terre à terre. Et puis parfois le voile est impossible à chasser. Il fait écran. Il me semble être seule, nue, au fond d’une caverne… Les vivants, les proches sont des ombres qui me parlent, qui communiquent avec moi, je les aperçois, mais je ne les ressens pas. Je me sens passive. Léthargique.

Ecrire au lieu de me libérer de cela, ou ne n’avoir aucune influence, m’enfonce au contraire. Passé le bien être procuré par l’écriture, le plaisir qui vient parfois de mots et de phrases bien assemblées, d’un texte qui résonne tel que je l’ai souhaité, lorsque le point final est pausé j’ai ce sentiment de ne pouvoir continuer qu’en restant dans cette sorte d’apesanteur voilée.

Oui j’ai quelque peu peur de me heurter de nouveau à la violence de la réalité en reprenant le travail. Je sais pourtant que la réalité n’est pas plus violente que mes songes… Mais ils sont à moi, et même parfois violent et douloureux, ils me rassurent. Je crois que je n’aime pas l’imprévisible et ce que je ne contrôle pas. La réalité qui m’a si souvent plue par le passé, aujourd’hui me fait peur et est une source d’angoisse. Comme dans ce film avec David Bowie, je cherche la sortie du labyrinthe en échouant. Pour l’instant…