Mon père a fait le déplacement exprès semble-t-il. Il ne veut pas me déranger et je dois insister pour le retenir à manger. Durant le repas je lui demande de ne pas revenir sur le sujet. Je n’ai pu me retenir de croire à une plaisanterie de sa part. Je lui ai fait remarquer qu’il avait passé l’âge. Il esquissa un sourire pour première réponse, avant de murmurer qu’il ne cherchait pas à m’amuser. Il dit que ça n’était pas une si mauvaise idée à ses yeux. Qu’elle méritait en tout cas d’être étudiée. Mais je trouvais qu’il manquait de conviction. « si plaisanter avec ces choses là n’est plus de ton âge, ce que tu me proposes n’ai plus du mien non plus… » fis-je. Il laissa tomber sa main mollement. « Tu devrais quand même la voir… Essayer de parler avec elle… Elle a beaucoup d’estime pour toi ! – Oh non crois moi, son estime est celle qu’on accorde à une vieile femme, rien de plus… ». Il insista pour savoir ce qui s’était passé. Je lui répondis qu’il était temps de passer à table.
Il tenta bien de revenir sur le sujet à deux ou trois reprise, regardant ailleurs, essuyant ses lèvres avec sa serviette avant de parler. Je lui proposais de reprendre de brocoli. Je le resservi en vin en observant que c’était vraiment une bonne bouteille et lui demandant s’il n’était pas de mon avis. Enfin j’insistais pour qu’il ne me vexe pas et reprenne de cette très bonne tarte aux pommes, ouvrage des petites mains de mes élèves… « On travaille la lecture et l’écriture de recettes de cuisines en ce moment » dis-je avec un enthousiasme qui me surpris moi-même et m’emporta aussitôt. Mon père fit mine de s’y intéresser et ne releva pas ma manière grossière de détourner la conversation. Il jouait à déplacer des miettes de pains sur la nappe pour les mettre en petit tas… Il partit l’air préoccupé.
Luc était au courant, je n’eu pas à lui expliquer durant des heures. Je m’attendais à son soutien, mais il en fut rien. « Ce n’est que provisoire tu sais… » fit-il avec cette façon qu’il a parfois de vouloir tout minimiser.
_ On m’aurait demandé la même chose pour toi… Ou tu m’aurais demandé la même chose tu sais bien que j’aurais dit oui sans hésiter… D’ailleurs je crois l’avoir déjà fait… ajouta-t-il
Je faillis m’étrangler :
_ Si c’était pour toi Luc j’aurais également accepter sans aucun problème. Tu es mon frère.
_ Elle est ta cousine…
_ C’est ta cousine aussi ! Pourquoi ne lui proposes-tu pas ?
_ Essaye pas de noyer le poisson Stef ! Tu sais bien que je n’ai pas de gare à côté de chez moi, puis au cas où tu l’aurais oublié je ne vis pas seul… Anne est enceinte. Je crois que ceux sont des raisons suffisantes !
_ Je me demande pourquoi je t’ai appelé !
_ Sans doute parce que tu n’es pas si certaine de toi… Une partie de toi lui a déjà pardonné, et une autre ne lui en a jamais voulu…
_ Tu ne sais même pas de quoi tu parles !
_ Non mais je n’ai pas de mal à imaginer… Elle s’est tapée Antoine c’est ça ?
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