Il faut bien le dire, faire la classe tout les jours, il y a un moment c’est soupant. Mince je finis par ne plus y aller avec envie. Le matin, c’est le réveil qui sonne, qui me brusque. Et je le mets toujours au dernier moment, toujours plus tard. Tous les jours plus tard, et plus la fin de l’année approche, et plus je commence à frôler les retard. Quant au maquillage ? Fini. Je travaille nature. Jean, baskets… Elle a changé la fille que j’étais. Elle a sacrément changé.

Je me sens plus à l’aise. Plus blasée aussi. Et je sais que je suis parfois aigri dans mes commentaires avec des collègues, des amis… Mon frère me le dit souvent. Luc observe. Il ne dit rien, mais je le vois à ses yeux. Hier soir je parlais, je parlais, un verre de vin à la main, près à le faire déborder, tellement je m’agitais.

Il s’appelle comment son copain déjà ? Eric ou un truc comme ça. Mais appelons le GROSCON. Il m’a bien lancé y a rien à dire. Oh j’ai bien vu qu’il me lançait. Pas sorcier. Il voulait conforter ses préjugés sur les enseignants. Je lui ai donné entière satisfaction, sans doute même au-delà de ses désirs les plus secrets. Mégère en forme. J’ai rien épargné. Trop fatigué pour jouer la gentille. Trop à bout de souffle. Un jour c’est oui, un jour c’est nan. Comme dans la chanson. Je me suis lâché. J’ai pété mon talon.

En partant j’avais envie de rayer sa voiture garée devant chez mon frère. Il m’a filé son numéro avant que je ne parte, en me disant qu’il m’avait trouvé charmante et amusante. Appelons le GROSCON donc.