Erwann m'avait plue dès le premier regard, comme dans ces films que j'aimais aller voir au multiplex de Saint Quentin en Yvelines. Il s'agissait d'une de ces soirées où m'emmenait mon frère et où j'étais toujours la bien venue. "Parfois je me demande si c'est pour moi ou pour ma soeur que vous m'invitez!" rigolait mon frère. "Mais pour ta soeur bien sûr!". Il avait une bande d'amis très bien mon frère. Moi, je n'avais pas cela. Quelque part j'ai toujours pensé que les mecs étaient plus doués pour l'amitié que les filles. Chez eux il y a un esprit de groupe. Un petit quelque chose de la sorte. Les amazones j'y crois moyen, j'aurai du mal à imaginer une armée uniquement de femmes. A moins de très bien les choisir. J'avais des copines, mais ça n'était pas ça. Il y avait toujours des histoires. Les amis de mon frères s'envoyaient parfois des trucs à la gueule. Et ça passait. Avec mes amies je n'aurais jamais pu faire cela. On était chacune trop fière, trop jalouse, trop suceptible. Même une gentillesse prononcée pouvait parfois tourner au vinaigre. Dès que je le pouvais je suivais mon frère. Il m'arrivait même de lui en vouloir à mort lorsqu'il refusait. Parfois je réussissais à le faire céder : "Aller va te préparer... Je t'emmène. Et presse toi, mets pas une heure!". Et je montais les escaliers à toute allure direction la salle de bain. Alexandre m'en voulait je me souviens. "Tu préfères passer tes soirées avec ton frère qu'avec moi" se plaignait-il. Mais je ne voyais pas où était le mal. Sinon de lui imposer de voir ses amis à lui ce soir là, et que ce ne soit pas lui qui décide du jour. J'étais amoureuse, mais pas trop. J'aimais beaucoup Alexandre au début. D'ailleurs je ne pouvais pas imaginer l'avenir sans lui. En Troisième on était sorti ensemble. On prenait des airs de couple établis. Aujourd'hui je ne peux m'empêcher de sourire en y repensant. Sourire et presque trouver cela ridicule. C'était "Stéfie et Alexandre". On imaginait que je n'étais plus vierge. On me regardait presque comme si j'avais une supériorité sur les autres filles. Et elles, même celles que je connaissais peu, je ne sais pas pourquoi même si je m'en doute, c'est à moi qu'elles venaient demander conseil. Evidemment des mecs que je ne connaissais que de vue me disaient qu'ils valaient mieux que mon "mec". La mère d'Alexandre me regardait comme sa future belle fille, et son père paraissait ravi que son fils emprunte son chemin glorieux avec les femmes. "On comprend pas" m'avaient-ils dit alors que je venais juste de rompre avec Alexandre et que je venais rechercher des affaires chez eux.
Mais moi je comprenais. J'avais mis du temps à m'y résoudre, déjà alors j'avais du mal à voir les choses en face. Alexandre me plaisait beaucoup. Mais je ne l'aimais plus. Avec lui je ne me sentais pas le faire. J'avais envi de faire l'amour. Mais pas avec lui. "Tu détruits tout Stéfie" avait-il dit. En cinq minute une fin de dimanche après-midi, le lendemaine de cette fête, je décidais de tirer un trait sur près de deux années. Sur mon premier amour.
La veille, le samedi soir, lorsque je l'avais vu, Erwann, j'avais compris. "J'ai envi de le faire". Alexandre m'attendait. Et voilà, cela venait d'arriver, j'en avais envi, là dans cette soirée, en le regardant lui. Un autre. En trinquant avec cet autre, les yeux dans les yeux. "Il faut se regarder dans les yeux Stéphanie!". Et voilà. C'est arrivé comme ça. Bêtement. J'ai senti quelque chose que je n'avais jamais ressenti. Pour la première fois j'avais envi de sexe. Lorsque plus tard dans la soirée il tenta de m'embrasser sur un slow, je détournais la tête. "Je ne te plais pas? - Si...Mais... J'ai un petit copain". Le dire me mortifia. Je baissai les yeux pour ne pas le regarder. J'aurai voulu ne rien dire à cet instant là. Revenir juste avant. Me laisser embrasser. Et me taire. "J'attendrai que tu le quittes alors!" me répondit-il alors avec aplomb en caressant de son pouce mon menton. Un frisson me parcourut alors que je relevais les yeux sur lui.
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