En commençant mon journal je ne pensais pas qu'il serait lu et que je recevrai autant de comentaires le concerant. J'ignore ce qu'il en est pour les autres blogeurs, mais j'avoue avoir été très heureuse de suciter autant de commentaires sur mes textes, même si concerant les derniers ils se sont fait beaucoup plus rares. "Les commentaires laissés sur ton journal sont une autre qualité" m'a écrit un lectuer dans un mail. J'avoue moi aussi les avoir lu avec beaucoup de plaisir et d'intérêt. Y avoir répondu de la même manière. Ecrire sur internet a cette immense intérêt. Alors que je me pose quelques questions sur un évênement de ma vie, à faire un texte, les messages laissés m'ont permis à plusieurs reprises d'approfondir encore. Me fournissant même régulièrement l'idée du texte suivant. Envi de m'expliquer dans un autre texte, de développer ce que j'ai commencé à écrire, d'approfondir ce que j'ai pu écrire. Sans internet j'aurai du moi même me relire, m'interroger, pour aller plus loin. Les commentaires et les mails facilitent mon écriture, comme certaines discussions que j'ai pu avoir en privé sous Yahoo Messenger. Une écriture avec moins de solitude donc. Mais avec de la solitude tout de même.

"Méfie toi du danger de trop te donner à tes lecteurs" me dit un blogeur confirmé. Il m'explique qu'il ne faut pas trop s'y fier : "L'enthousiasme vient aussi vite qu'il s'en va". Et il me prévient à l'avance du risque d'être démobilisée lorsque je ne sentirai plus cette engouement, ou que je serai devenue une habitude. "Ne te laisse pas dévorer si ton but est l'écriture et non les relations publiques". Il m'écrit ses mots en réponse à un de mes mails où je lui explique que je n'ai plus la même facilité à écrire mes textes qu'avant. Je réfléchis davantage, je surveille ce que j'écris. Je passe une heure à écrire un texte deux fois plus court qu'un de ceux du début sur lequel je n'avais passé qu'un quart d'heure. L'émerveillement, la facilité, sont moins accessibles. Je passe de plus en plus de temps à répondre à des mails, tantôt sympathique, tantôt moins, ou à dialoguer.

"Je ne veux pas me contenter seulement de ton journal" m'écrit un autre lecteur. "Tout le monde peut lire ton journal, et j'ai le désir après l'avoir lu que tu t'adresses plus exclusivement à moi, savoir des choses que moi seul saurai". Il n'est pas le seul à dire cela. Et comme souvent cela est très sympathique, flatteur et pas dénué d'intérêt, j'ai multiplié les correspondance. Certaines très techniques : faire fonctionner son blog, la façon d'écrire, installer tel ou tel code html. D'autres presque professionnelles : échange de préparation d'EPS pour le CM1 par exemple, jeune collègue qui vient d'apprendre qu'elle sera l'an prochain en premier poste à Trappes. Comment ne pas avoir envi de rentrer dans le dialogue?

Il y a le regard de l'autre que je lis aussi. Regard sur mes mots. Regard sur mes gestes. Sur ma sexualité. Sur mon intimité. Je peux sentir l'excitation de l'autre. Et je l'avoue, certains mails que j'ai pu recevoir ne m'ont pas laissée indifférente. Des phrases parfois très charnelles. Des phrases même très crues. "Portes tu un string lorsque tu écris ton journal? T'arrive-t-il de le mouiller lorsque tu écris de telles scènes? Et lorsque tu as lu mon dernier mail, as-tu été obligée d'en changer ensuite? Je l'espère bien!"

Solitude et excitation. Tant de monde d'un coup. Des personnes si différentes. Je me suis retrouvée comme devant un énorme gâteau. Et j'ai tout mangé. J'en ai presque oublié pourquoi j'écrivais mon journal. J'ai passé mon temps à autre chose que l'écrire. Oubliant l'essentiel. Aujourd'hui je suis saoulée. J'ai oublié un instant pourquoi j'étais là. Je veux mettre fin à ce sentiment d'égarement. Reprendre la plume.

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