J'ai acheté un paquet de cigarettes au tabac avant d'entrer chez le fleuriste. Après, en regardant des fleurs, des bouquets, et des plantes, j'ai attendu derrière les gens. Des pères avec leurs enfants. Des petites filles qui tiennent la main. Des pères de mon âge. Des enfants qui pourraient être les miens. Qui m'auraient fait une pâte à sel ou un collier de nouille de l'école, m'auraient apporté le petit déjeuner au lit avec un poème. Et qui iraient ensuite avec leur papa chéri me chercher en cachette un super bouquet de fleurs. Mon tour vient. Je pose le pot fleuri que j'ai choisi aux couleurs et aux formes des fleurs. En fouillant dans ma mémoire pour essayer de me souvenir si maman aimait s'acheter ces fleurs-ci. Avec ses ciseaux d'argent la fleuriste coupe, elle habille mon cadeau comme une mariée brillante en tenue transparante de papier plastique. Elle fait boucler le ruban. "C'est pour la fête des mères aussi?" me sourit-on. "Oui". Elle attache le joli noeud colloré avec une étiquette sur laquelle est écrit "Bonne fête Maman" en lettres de paillettes. Je ne fume pas d'habitude. Mais c'est un jour un peu spécial. Je vais voir maman. Je suis heureuse il me semble. Un peu petite fille. Je souris sans raison. J'allume une cigarette. Lorsque j'arrive elle est là. Elle m'attend. Elle m'attend toujours là...
Je lui souris comme si elle était en face de moi. Moi je la vois. Elle vient vers moi. Pour un peu elle me serre dans ses bras. Elle ne le fait pas mais c'est tout comme. Je sens son étreinte. Vivante avec elle. Je retire quelques mauvaises petites herbes au tour de la dalle en ciment. De l'intérieur de ma main je balaie la poussière de la stèle pour m'assoir auprès d'elle. Peut-être bien que je fume une autre cigarette parce que ça me fait tourner la tête. Comme dans ces civilisations qui consomment du canabis pour parler avec leurs mort. Moi je fume des Pall Mall. Et je parle avec Maman. Elle me répond.
Je suis heureuse mais je pleure. Je pleure et je souris. "Tu nous a préparé quoi de bon à manger Maman?". Que ferait ma mère de bon à manger pour nous tous? Que font les autres mères? "Tu sais je savais que j'allais pleurer comme ça... Mais je voulais absolument venir... Elles sont belles ces fleurs non?". Je retire le film plastique. Je le coince sous le pot pour ne pas qu'il s'en aille au loin. Une fois j'avais fait cela. Mais c'était une fois où il avait plus de vent. Et le vent avait gonflé le plastique comme un parachute. Ma plante était tombée, le pot s'était cassé, et des pétales s'étaient sallis par terre. J'avais sombré dans des sanglots abominables. Mais là il n'y a pas de vent. Et je pleure doucement. Et je souris. "Oui je suis toujours toute seule... Mais j'ai rencontré un garçon. Hier... Il est très bien tu sais. Il écrit très bien. Je suis sûr que tu l'aimerais...". Je lui raconte un peu. J'allume une autre cigarette. Je tousse. Je remets mes lunettes de soleil parce qu'il est près de midi et qu'il tape fort. Mais je les soulève de nouveau et elles sont toute mouillée. "J'aimerai bien te le ramener... J'espère qu'il voudra bien de moi...". Ma mère rigole. "Qui pourrait ne pas vouloir de toi?". Je souris. "Lui peut-être... Il est si bien!". Je soupire.
Puis je parle de ma classse. De Papa qui est allé à Omaha Beach hier. Je me tais. Je pense à tous ces morts. Au 6 mai 44. On est bien ensemble Maman et moi, et les autres gens des cimetières. Je repars plus tard, sourire et larme, je me sens tellement vivante que c'est à la fois insupportable et magnifique.
Recevoir un mail à la publication de la prochaine page de mon journal? Cliquez ici!
Commentaires :
hiphopforever44