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Celui qui s'est marié

Si je passais la plupart de mes après-midi avec Frédéric depuis près d'une quinzaine de jours, rarement en fin de soirée j'aimais rester en sa compagnie. Il y eu des exceptions comme cette soirée à Versailles, mais mes soirées je préférais sinon sortir seule me faire un cinéma, mais surtout aller chez mon frère dans sa nouvelle maison plantée sur un vaste terrain arboré. J'inventais des mensonges à Frédéric. Prétextant avoir rendez-vous avec une amie, une cousine, ou une collègue. Il me faisait lui promettre que je ne partais pas pour un autre homme, et malgré moi je ne savais pas lui répondre de façon à le rassurer. Alors il partait avec ce regard triste de chien battu qui selon les soirs me faisait culpabiliser ou le traîter avec ironie. Mais avec le temps j'avais pris goût à cette sorte d'échappée sur la quatre voie. Une fois dans ma voiture je mettais de la musique, autant du classique que du hard rock, et toutes mes pensées mauvaises restaient dans ma rue. Elles ne me suivaient pas. Le soleil rayonnait, le ciel prenait des couleurs barbe à papa ou de jolis mauves et violets. J'adorais être au volant de ma voiture. Ma Célica, déjà lorsque j'étais avec Antoine, était mon échappatoire. Mon plaisir. Ma folie. Je me l'étais offerte avec ma première année de travail et je n'en étais pas peu fière. Elle pouvait monter jusqu'à 220 km/h. Je me voyais passer dedans. J'étais moins impressionnante que Carlos Sainz très certainement. Mais à son volant je me sentais comme ces filles dans les séries télés qui lorsque l'orage gronde foncent vers les écuries et partent au triple galop sur le dos de leur étalon la colère aux lèvres pour retrouver leur calme ainsi que leur sérénité à tout épreuve. Pour un peu je pouvais entendre hénir ma monture, j'imaginais les pneus glisser sur l'asphalte. Antoine moquait cela. Il trouvait que j'avais pris le pire de ce qui faisait un mec. Et se demandait à quoi je jouais. Ce que je cherchais à me prouver. Evidemment il trouvait là une preuve supplémentaire à sa fameuse et brillante théorie du codon que je n'avais pas coupé avec mon frère.

Frédéric progressait de jour en jour. C'était un bon élève. Si bien que je voyais déjà la fin s'approcher. Notre relation durait depuis un peu plus de deux semaines. Pour lui cela semblait n'être qu'un début. Mais pour ma part cela paraissait déjà une éternité. J'avais du mal à croire que nous n'avions eu notre première séance qu'une quinzaine de jours plus tôt.

Si nos exercices se finissaient suffisamment tôt, j'avais le temps de rejoindre Anne et Loïc aux terrain de tennis juste derrière leur maison. Je changeais de chaussures dans la voiture. Après les frais occasionnés, ils ne partaient pas en vacances. J'en étais ravie. Je n'aurai pas aimé me retrouver seule avec personne alentours. Si je pouvais rester passer août dans mon nouvel apprtement et me sentir comme au bord de la mer, c'était grâce à eux.

Nous étions en train de prendre l'apéritif, parfaitement douchés les un et les autres, mais déjà les cheveux complètement sec et de nouveau bouillonnant à cause de la chaleur, lorsque j'ai mis les pieds dans le plat. "Tu as encore de nouvelles d'Erwann?" demandais-je le plus naturellement du monde en me penchant pour prendre une pistache sur la table en plastique. J'avais prévu sa réaction et je ne fus pas surprise :

_ Cela t'intéresse?

_ A ton avis si je te le demande...

Anne intervint et manqua de me faire avaler de travers ma pistache :

_ Erwann c'est pas celui qui s'est marié en juin? demanda-t-elle à mon frère.

Mon frère ouvrit sa main en rigolant : "Voilà, tu as ta réponse!" s'amusa-t-il.

 

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Ecrit par stefie, le Samedi 12 Juin 2004, 09:46 dans la rubrique Premiers Pas.

Commentaires :

Lonely-Girl
Lonely-Girl
12-06-04 à 10:04

dur à encaisser je suppose :s

 
stefie
stefie
12-06-04 à 10:07

Re:

J'avoue que ce fut de me dire "lui il a construit sa vie, il a trouvé une personne avec qui désirer passer la suite de ses jours" qui m'a le plus ennuyée. Dur je ne sais pas. Mais je me suis sentie jalouse. Pas de sa femme. Simplement de l'idée de bonheur qui se dégageait de cette nouvelle : "il s'est marié". Par contraste avec ma vie à ce moment là.

 
Kyra
Kyra
12-06-04 à 12:11

au moins...

Tu as ta Célica, non ? ton échappatoire, ton rêve, etc etc etc...
Il faut toujours nuancer chaque ton dans la vie.
allez courage :)

 
stefie
stefie
12-06-04 à 19:51

Re: au moins...

Evidemment qu'il faut tout nuancer... Mais j'admets qu'il y a un an, lorsque j'ai appris cela, je n'en ai pas souffert, je n'ai pas eu plus de regrets que cela. Non, j'avais un peu rêvé à Erwann durant quelques jours... Dans le fond j'aurai aimé qu'il soit toujours seul. Pouvoir le revoir. Mais je ne me faisais pas d'illusion. Pas plus que ça. Tout ne s'est pas écroulé orsque je l'ai appris. A vrai dire j'ai même admiré l'ironie de la situation.

Alors oui j'avais ma Célica... Je dis bien j'avais... Puisque je l'ai détruite quelques temps après (voir http://atelier.joueb.com/news/32.shtml : "Glissade... Heurtée au décors").


 
Kyra
Kyra
12-06-04 à 20:28

Re: Re: au moins...

oui oui j'ai lu... je lis tout de ce que tu mets ici :)

 
stefie
stefie
12-06-04 à 20:42

Re: Re: Re: au moins...

C'est très bien. Tu es un visiteur exemplaire. Tu auras le droit à une image.

Quelle collection d'images? "Les oiseaux d'Afrique", ou "les gros insectes d'Asie"?


 
Kyra
Kyra
12-06-04 à 20:56

Re: Re: Re: Re: au moins...

"Les jolies proffesseures de Paris" sa existe ?

 
laurent51
laurent51
12-06-04 à 21:28

Quand je pense que tu faillis mourir tuée par une pistache... !

 
stefie
stefie
12-06-04 à 22:07

Stéfie se la joue

Et je t'assure que c'est une expérience qui change le sens d'une vie.

Car à présent je vois l'existence avec le regard de celle qui en est revenue...

Je sais le prix de la vie!

Son prix immense...

Blabalabalabla blabla bla.