Il n'a pas tardé à répondre à mon premier mail. Le soir même, juste avant de partir je consultais ma boîte mail et y trouvais déjà une réponse. Il se disait surpris mais ravi. Me remerciant même d'avoir pris cette initiative. J'étais aux anges. "Et maintenant tu comptes faire quoi grosse maline?" me suis-je demandée. Mon frère m'a d'ailleurs posé la même question. "Je peux répondre..." dis-je sans savoir si c'était une bien bonne idée et ne devais pas laisser passer quelques jours... Avant finalement de me retrouver à nouveau devant le clavier plein de touches sur lesquelles mes doigts tapaient fébrilement. Il me demandait à quoi ressemblait à présent ma vie. Je lui répondais. Antoine... Mon départ de Paris... Mon nouvel appartement... Mon école... Ma classe... Mon métier... Le tennis que je venais de reprendre... sans oublier de signaler que c'était ce détail qui en ce chaud été m'avait donné la subite envie d'avoir de ses nouvelles. Car il me semblait nécessaire de donner une explication. Même partiellement fausse. J'hésitais à lui glisser quelque part "Me détestes-tu encore?". Mais je ne trouvais pas l'endroit pour écrire ces quelques mots. Alors, résignée suite à une demi heure passée à trouver la bonne formule pour introduire ma question, je fis partir mon mail sans ce qui me paraissait le plus important.
Je prétexte le lendemain un empêchement de dernière minute et envoie un texto à Frédéric pour annuler notre partie de jambes en l'air. Ma tête n'est pas disponible pour cela. J'ai passé une partie de la nuit à écrire après être rentrée chez moi. Mon corps est fatigué et rassasié. Il ne veut plus de sexe. Il n'en réclame pas. Certes je suis fatiguée. Mais je me sens bien. Nulle illusion quant à Erwann, je le sais marié. Et il me semble que cette nouvelle me satisfait plus qu'autre chose. Toute la nuit j'ai écrit. Inventé une histoire. Rêvé les yeux grands ouverts. Imaginé ce qui me manque, et je m'en aperçois seulement : un ami. Un ami, de sexe masculin évidemment, quelqu'un qui me comprenne, me connaisse. Un ami qui ne serait pas mon frère. Un ami que j'appellerai Jipé, Jean-Ed, Mimi, Manu, ou Paulo. Ric, Bob, Titi ou Marco. Un ami qui peut-être habiterai loin, on se donnerai des nouvelles par mail, et seulement de temps en temps. Mais qui serait toujours là malgré tout. Un ami qui s'appelerai par exemple Erwann et dont je trouverai sa femme formidable. Je leur présenterai et ils me diraient que mon nouveau copain est un mec bien, que nous allons très bien ensemble. Et que j'ai changé. Que je suis plus souriante. On se manquerait et on se verrait quelques fois dans l'année lors des vacances. L'été on louerait une maison au bord de la mer. L'hivers à la montagne. Nos enfants joueraient ensemble.
Le soir j'ouvre ma boîte mail. J'ai un nouveau message d'Erwann. Il me demande ce que je fais pendant les vacances. Et me donne son numéro si je veux l'appeler. Je n'ose pas. Je lui expédie un nouveau couriel. Mais comme dans le temps du dîner il ne m'a toujours pas répondu je retourne cherché son numéro au bas de sa lettre. Et j'envoie un texto "Bien reçu ton mail. Petit teste pour voir si ton numéro marche bien. Ah, au fait je t'ai déjà répondu". La musique de mon portable sonne quelques minutes plus tard. Je décroche. Et on se parle comme de vieux amis. "Alors comme ça tu ne bouges pas de tes vacances?" s'étonne-t-il. Je fais ma Cosette. J'explique ma situation. Non sans le faire rire une nouvelle fois. Son rire me fait plaisir. Comme d'entrendre sa voix. Je me sens dans un monde étrange. Je ne suis plus vraiment là. J'ai les yeux grand ouverts, mais je rêve comme lorsque j'ai écri durant la nuit. La réalité rejoint ma fiction.
_ Tu ne connais pas? ... Tu n'es jamais venu? .... C'est une ville très agréable! ... Alors vient passer quelques jours ici! On a la mer pas loin, et une piscine toute neuve qu'on vient de faire construire dans le jardin!
_ Tu es sérieux? hallucinai-je
_ Bien sûr! Je t'assure que ça me fera plaisir. J'ai parlé de toi à Edwige et elle aimerait bien te rencontrer. Et j'aimerai bien que tu rencontres mes filles...
_ Moi aussi!
_ Alors c'est okay, tu viens? s'enthousiasme-t-il
_ Voui!!! crie mon coeur.
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Commentaires :
Re: Re: Re: Re: Re: quelle joie :)
C'est juste un conseil tu sais...
Re: Re: Re: Re: Re: Re: quelle joie :)
Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: quelle joie :)
Là je bloque. J'arrive pas à écrire la suite telle que je l'ai vécue. Mais ça va finir par se débloquer. En fait le problème c'est qu'à chaque fois lorsque je suis enfin lancée il y a quelque chose qui vient m'interrompre. Ou je dois m'arrêter. Pour préparer un super cours de math par exemple... Ou choisir le texte de la dictée...
En tout cas ça me fait plaisir de savoir qu'on attend la suite de mes gribouillages davantage que mes élèves leur dictée ("Une dictée? Oh no pas encore!").
Re: Re: Re: Re: Re: Re: quelle joie :)
Fabien
Re:
Je tenais déjà un "journal". Je réécris à partir de mes notes. Quand quelque chose me revient en mémoire que je n'ai pas écrit, j'essaie de me souvenir.
Peux-tu m'expliquer ce qu'est un fake?
Toujours aussi charmante ...
C'est marant, ce que tu vit avec lui c'est justement ce dont je parle dans un de mes nouveau post. C'est la relation que je voudrai avoir ... Maintenant je comprend mieux ce que j'attend. Curieux comme le récit d'une vie permet de mieux comprendre la sienne ...
Merci pour ce charme, longue vie à toi, hfe44
Kyra
quelle joie :)