Trois valises. De gros sacs mous. Je remplie. Je dépose dans l'entrée de l'appartement. Près de la porte. Je range dans les sacs. Je ferme lorsque c'est plein. J'ai l'air d'une besogneuse. Rien ne m'arrête. La jupe sexy qu'il aimait temps, qui ne cache rien de mes jolies fesses rebondies? L'ensemble à mille balles qui lui plaisait temps? Les porte-jartelles? La folie à mille euros pour qu'on ne voit que moi au mariage de son frère? Mon sourire? Mes seins? Mon ventre? J'emporte tout. Depuis combien de temps je ne l'aime plus? Depuis combien de temps dans ma tête ai-je envi de dire "pauvre connard"? Une colère sourde monte en moi. Avec mon baton de rouge à lèvre j'écris sur le miroire de la salle de bain ces deux mots là. Signé Stéphanie. PS : ne cherche pas à me reocntacter. Et je trace un trait en dessous. Histoire d'être très clair. Je suis un peu emmerdée tout de même, je devrai le revoir au moins une fois, je ne pourrai pas tout emporter ce soir, bien que Monsieur soit un riche héritier et que je n'ai finalement pas grand chose à moi ici. "Mais pourquoi tu travailles au lieu de profiter de la vie... Tu sais je rencontre plein d'écrivains" disait-il souvent. "Peut-être parce que les écrivains c'est dans les livres qu'il est le plus intéressant de les rencontrer...".

Il est presque l'heure et j'ai presque fini de faire mes sacs. Comme je n'en ai plus je prends de grands sacs poubelles. La lingerie dans celui là. Les bouquins dans un autre. Le sac se déchire... Changement de stratégie. Les bouqins dans un sac mou mais robuste. Les décolletés, les hauts sexy, les bas dans un sac poubelle. Tout cela me fait rire. La "femme" d'Antoine ne ferait pas cela. Elle est sexy la "femme" d'Antoine. Ses amis se la taperaient bien. Elle est "bonne". Elle trimable pas des sac poubelles habillé dans un jean diforme et un t-shirt Orangina délavé. Mais moi si. C'est pour cela que je pars, même si je suis "bonne" aussi. Adieu Monsieur l'apprenti écrivain de plateau télé!

Tout est fin prêt. Je n'attends plus que ma soeur. Je vérifie l'heure. Je dérègle les chaîne de télé avant de partir. Il s'en tire à bon compte. Je ne fume plus depuis longtemps, mais je prends quelques paquets dans sa réserve. Je me fume une clope les pieds posés sur la table basse, vautrée sur le canapé. Il aime pas que je me vautre. Je ne me gêne jamais pourtant lorsque nous sommes à la maison. Mais il trouve que ce n'est pas assez sexy. Que ça ne me va pas. Antoine m'aurait voulu habillée de ses jupes qui ne cachent pas que j'ai un beau cul bien rebondi entouré de dentelle sexy, le sourire toujours sur mes lèvres pulpeuse, les yeux grand ouverts genre "baise moi! oh oui j'en ai trop envi!". Le sexe a toujours eu beaucoup d'importance pour lui... pour nous deux je le reconnais. Mais il est devenu obsessionnel. Il se défendait en disant de ses yeux ravageurs qu'on ne peut pas lui retirer : "Si tu étais à ma place, devant une femme aussi belle que toi, tu deviendrais forcément folle!". Je répondais : "Moi au moins j'essayerais de lui dire d'autres choses".

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