Finalement la parole a fait son effet. L’écrit a accompli sa thérapie. Je n’étais pas malade, d’ailleurs je n’en avais pas ce sentiment. Non je n’étais pas malade. Une surchauffe sans doute, les ombres du passé qui s’agitaient encore, remuaient dans le fond de mon bocal. L’envie, « l’occasion super de changer un peu d’air, combattre le destin pour décider du mien » comme dirait Natacha Tertone. « Mettre mes souvenir en déroute », ou encore accomplir le « black out ». Par l’écriture, par le bavardage. Je me suis déversée. Je n’ai pas cherché l’amnésie mais l’ai presque obtenue. J’ai dématérialisé les reste de mon passée en le racontant, en le partageant. En me répandant. En me déballant. En en faisant des lignes. Des lignes superbes m’ont même dit certain. Merci pour ça. « Tu n’écris plus ? » m’ont demandés plusieurs mail. Non je n’écris plus. Ou plus cela du moins. Ce que j’ai écrit me fait à présent rire et me surprend également. Comment ai-je pu en livrer tant ? Je me suis exhibée comme une fille ivre morte au comptoir d’un bar. « Voici mon œuvre, voici mon cul, voici quand je mouille, voici quand je gémis, voici comme je survis… ». Mais je n’aurai pas pu dire ce dernier mot. J’ai écrit pour survivre mais sans conscience de cela. Puis je me suis lassé du médicament. Lassée des mails salaces que je recevais auxquels je répondais avec humour malgré l’envie de vomir.

A présent les vertiges me touchent moins souvent. Je n’ai plus la même peur de tomber à chaque pas, je n’ai plus besoin de m’encourager pour me lever le matin, ni même me mentir en me racontant que tout va bien. J’ai soufflé sur ces feuilles que j’ai écrites. Je me suis interrogée : « Dois-je les effacer ? Que faire de ce journal ? ». Je continuerai à y écrire et ce sera peut-être très différent. On aimera sans doute moins. On préfère toujours lire des filles qui souffrent. On préfère toujours lire une fille qui se met à nu. Là pour l’instant j’écris ce texte. Nulle idée de ce que j’écrirais après. « Après on verra bien ». Je n’ai plus de grand projet d’écriture pour me raconter. Mais je sais que c’est possible si j’en ressentais de nouveau le besoin.

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