Des souvenirs me reviennent en lisant un texte de Joël… Celui d’un Waterman que m’avait offert ma mère. Me voilà laissant un commentaire. Puis ma mémoire n’en fait qu’à sa tête, mon cœur y va de sa petite musique. Douce, agréable, tendre et amère… Me revient le visage de ma mère…

A l’école, en primaire, j’avais des résultats moyens. Il suffisait que le maître ou la maîtresse de sa bouche dise le mot "contrôle", et alors mes mains devenaient moites. Lorsque je réfléchissais sur une question, je n’osais pas regarder autre part que sur ma feuille, de peur d’être accusée de tricher et de copier… Je me faisais des maux de cou invraisemblables. J’écrivais d’une main crispée. Je perdais mes moyens. Les copines fanfaronnaient sur leurs bonnes notes...

A l’école, en primaire, pour faire bien, faire la grande, il fallait avoir un stylo plume… Ma mère avait fini par m’acheter un joli stylo plume rose. Comme les copine. Le premier d’une longue série. Je n’ai jamais très bien su s’il y avait une voleuse dans ma classe ou bien si je les perdais le plus naturellement du monde… Il y a bien eu en CM1 un dénommé Fabien, sans doute un peu fétichiste, admirateur secret, qui se fit un jour pincé sur dénonciation d’une camarade : « Madame j’ai vu Fabien mettre l’élastique de Stéphanie dans son cartable ! ». « Mais que fais-tu avec les affaires de Stéphanie dans ton cartable ? » demanda la maîtresse, après des fouilles en règles, avec des yeux énormes, alors qu'elle attrappait mon admirateur, et amoureux secret, par le cou.

Ce fut bien la seule fois où une chose que j’avais perdue réapparue…

Mais outre ces évaporations, le problème des Stypen et des Reynolds avec moi, et mon angoisse des contrôles, c’était que leurs pauvres plumes étaient rapidement abîmées. Mes parents signaient mon cahier du jour en constatant que j’écrivais de plus en plus mal... Et de plus en plus gros. Mais hors de question d’accepter d’écrire avec un vulgaire stylo Bic ! Mes copines se seraient fichues de moi. Une fille qui se respecte a une belle écriture, la maîtresse la complimente et alors elle fait sa fière en narguant les autres. Une fille écrit avec un stylo plume. Un Bic ça aurait été comme si je me mettais aujourd’hui à porter des caleçons d’homme comme Nelly !!!

Ma mère, la veille d’un contrôle, alors que je ne trouvais pas le sommeil et tournait dans mon lit dans le noir, vint s’asseoir près de moi et me tendit une jolie boîte noire tout en longueur et entouré de cuir molletonné…

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