Les pieds sur la table basse. L’heure des gens normaux pour dîner est un peu passée. La première partie de soirée des télévisions est déjà terminée lorsque la faim vient enfin me caresser le ventre… Eh oui, la faim ne caresse que le ventre ! Je me réveille. J’ai dormi un truc comme quatre heures facilement. Au début je ne m’étais allongée que pour me laisser bercer par Indochine, la voix de Nicola Sirkis… Alice et June. Depuis des années je n’ai jamais vraiment quitté l’univers d’Indochine. J’aime ces paroles et cette voix, tout ce qui résonne dans ma tête lorsque je ferme les yeux et écoute… Des images se construisent dans ma tête, semblent-il toute droit sortie de mon enfance, de mon adolescence, des choses inconscientes de ma vie d’adulte…

Des frissons me parcourent quand je ne suis pas happée par la musique, appelée à danser sans sexe… Trois nuits par semaines, Dancetaria*, La guerre est finie, Nuits intimes, Justine, Satellite, Alice et June, Juste toi et moi, Canary Bay, Manisfesto, la Nuit des fées, Stef II… Une liste incomplète de berceuses made by Indochine. Des flèches en plein cœur, je sens mon sang courir dans mon corps, mon centre vital réveillé… Tel un passage à la machine je redeviens vierge et la force reprend possession de mon corps… il s’apaise… Je me réveille bien après que la musique se soit tue. Une nouvelle journée semble commencer.

La lumière du frigo tire sur mes paupières. J’accomplie en pleine conscience mes gestes. Sortir un tuperwear. Ouvrir la porte du micro-onde. Réglage de l’appareil. Mise en orbite de ma seconde dose journalière de légume… Je ne me laisserai pas crever, j’ai le sentiment de revenir de loin, d’être de nouveau vivante, d’être sortie du trou où je m’étais laissée tomber…

* Je déprimais complètement lorsque sorti incognito Dancetaria  un des albums les plus méconnu d’Indochine avec Wax (ou figure pourtant l’excellent Satellite). Etrange comme on peut parfois s’identifier à un disque et à un groupe… Indochine semblait avoir complètement disparu, d’ailleurs qui restait-il des membres du début ? Séparation et mort avaient frappé le groupe… Retournés dans l’anonymat, toujours raillé, pourtant le groupe revenait avec quelque chose de tout à fait nouveau… Et sublime ! Non, l’histoire était loin d’être finie ! Oui, identification et appropriation.

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