Confier les clés de ma Célica à qui que ce soit? Laisser quelqu'un d'autre derière son volant? Frédéric sourit. "Tu es pire qu'un mec!". Une surpirse d'accord. Et puis non. Je ne veux pas sortir avec lui. Je suis cruelle, je pense aux "on dit". Pas l'envie de me sentir la cible de regard moqueur ou je ne sais quoi. Etre vue comme la femme de vingt-huit ans qui joue avec un minet, se l'envoie. Aucun désir non plus qu'il me présente à ses amis. Refus d'imaginer des phrases bien naturelle : "Elle est bonne! Oh mon gars quand je pense que tu te l'envoies! Et elle est cochonne au lit? Elle baise bien? - Elle aime ça je te jure! - Oui elle a l'air... Gaulée comme elle est tu dois t'éclater au pieux! Elle a l'air d'aimer la bite... Ca se voit sur ses lèvres! Cette bouche putain...". Et Frédéric, alors que je regarderai peut-être la télé chez moi, tapera son poing contre celui de ses amis. Et il détaillera les postions dans lesquelle il m'a prise. Non je ne veux pas voir ses amis, être la "vielle" qui n'aura rien à leur dire. Marre de m'expliquer, je coupe net la discussion : "Je n'ai pas envi de voir des gens... Je me fiche de savoir quelle tête ont tes amis... Ni s'ils sont cool!". Je cruelle. J'aime pas mettre des gens dans cet état sous mes yeux, m'énerver, blesser. Et surtout sentir ce bonheur, cette petit joie à la surface de ma peau, ce plaisir à la méchanceté.

L'air est brûlant. A la télé on parle de vieux qui meurrent par milliers. Et moi j'explose complètement plusieurs fois par jours.

_ Tu ne sors jamais!

_ Non, je ne sors jamais... Je n'aime pas ça. J'en ai marre de la sale gueule des êtres humains!

Il me regarde me planter. Colère de la Stéphanie enfant sous la poitrine nue de la femme de vingt-hui ans que dans la fureur je ne suis plus. J'en rajoute une louche. Je maudis :

_ Arrête de croire aux conneries de ton âge Fred! Arrête avec ces conneries! Sortir et pour quoi? Sortir pour qui? Tu crois toi que c'est mieux avec telle ou telle personne! Tu es con ou quoi? Je suis certaine que tu crois que c'est mieux dans ce pays... Mieux dans cette ville... Mieux près de la mer... Mieux avec le soleil... Tu t'amuses à croire de pareilles conneries? Tu me fatigues! Casse toi...

_ Non je ne peux pas te laisser comme ça... Ca va pas là Stépahnie...

_ Mais tu te prends pour qui pour dire cela? Je croyais que tu étais différent. Mais non, tu es comme toutes les personnes de ton âge... Persuadé de tout savoir. D'avoir tout compris. Pars... Partez toi et tes certitudes puériles!

Il se rhabille je tremble encore. Je ne sais pas depuis combien de temps je n'ai pas été dans cet état là. Tout mon corps en tremble. Je transpire. Je ne sais même plus pourquoi je suis en colère. Parce qu'il veut que nous sortions de temps en temps. Enfin un jour. Qu'il en parle depuis trois jour. Parce qu'il se permet de juger ma vie. Mais là, dans ma fureur, je ne sais même plus que c'est cela qui a libéré le monstre en moi. Je le hais. Sans modération aucune. Je m'en prends à lui. Parce qu'il m'aime. Parce que je le trouve faible. Que c'est plus facile. Que je veux le détruire. Que je sais que je peux le faire avec lui justement.Antoine je n'aurai pas pu. Mais Frédéric si. Heureusement il part sans rajouter un mot, sans me toucher.

A présent je peux détruire quelques objets sans avoir à me surveiller. Puis tomber à genoux pour fondre en larme et enfin me sentir libérée. Et honteuse.

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