Le soir où je suis partie, il y a un an de cela environ, c'était juste au début des vacances. Je venais de finir l'après-midi même le rangement de ma classe. Mes élèves étaient venus une dernière fois la veille. Nous avions fait les traditionnels jeux de société. Derniers moments avec eux. J'avais même mangé à la cantine avec eux. On avait fait un goûté le matin. L'après-midi on avait fait une boom après la dernière récration. Lorsque les enfants partent à chaque fin d'année scolaire ça fait un peu ça. On leur fait la bise une dernière fois, et souvent c'est également la première. On est toutes émues. On se dit qu'on les reverra pas, alors qu'on les a tant vu, on les a vu grandir, on leur a transmis tant de choses qu'on espère qu'ils n'oublierons pas. Affectivement c'est un moment trouble. Il y a la joie des vacances, et cette tristesse douce-amère de les voir partir. Mais lorsque j'ai quitté Antoine je n'ai pas eu cette tirstesse dans le visage. J'ai mis l'essentiel dans mes valises. Il n'était pas encore rentré. Une fois de plus j'avais mangé seule. Il devait manger sur le pouce avec quelques amis quelque part. Il devait aller ensuite dans une de ses soirée importante où il lui faut tant se faire voir.
Depuis une semaine tout était allé très vite. Je ne voulais pas de ces étés à Paris. Et encore moins ces virées sur la côté où un de ses amis "formidable" a une maison "formidable" dans un cadre "formidable" où viennent tant de gens "formidables" que je n'aime pas voir. En fait je voyais plus l'horizon. L'avenir me faisait peur. Antoine avait fini par se résigner que je ne le suive plus que très exceptionnellement dans ses sorties parisienne multiples au cours de la semaine. Même s'il n'avait toujours pas accepté et compris que j'avais aussi mon travail, et que le genre de ses amis me donnait la nausée. Il me semble que je n'aime pas la faune parisienne des gens "formidables", ces demi-dieu demi-star. Des rassemblements de râtés le plus souvent. Des minables qui ont fait un truc à la télé et se prennent pour des grands. Antoine disait : "Mais tu te rends comtpe de la chance de connaître ces gens?". Non, en effet, je ne m'en rendais pas compte, ça ne me faisait ni chaud ni froid. Je me disais "pauvre Antoine". Et j'espérais que ça lui passerait qu'il trouverait un travail intéressant pour qu'il n'ai pas fait tout cela pour rien. Je croisais les doigts pour que sa température retombe. Mais je n'y croyais guère. Moi? Je ne pouvais rien faire. Tout était vain.
J'avais appelé mon frère. Il n'était pas disponible ce soir là. Mais en moins d'une demi heure il avait tout arrangé. Ma soeur allait venir me chercher avec son break, il avait vu cela avec elle, il lui déposerait les clés de son appartement. Il n'avait pas le temps de me faire mon lit, mais il poserait des draps propre dessus, dans la chambre d'amie. Si je voulais l'attendre il me promettait de ne pas rentrer après deux heures du matin. Retour de "Luc sauve moi!".
Mes trois valises pour les vêtements repassés. Des années de fringues entassées. Souvent des achats d'Antoine. J'étais sa perle. Il voulait toujours que je sois la plus belle. Lorsque je le suivais encore, lorsque nous étions quelque part, au bout de dix minutes il venait toujours à mon oreille me dire "tu as vu, tu es la plus belle, il n'y en a pas une qui t'arrive à la cheville". Il ajoutait parfois "tous les hommes me jalouse... ils te regardent". Longtemps j'avoue que j'étais grisée moi aussi. Je le laissais m'habiller avec son regard brillant de grand enfant. J'étais sa princesse. Sa perle rare. Il me demandait de porter des trucs sexy, qui mettent en valeur mes fesses, mon sourire, ma poitrine. Je me laissais faire, je ne me laissais pas vraiment déguiser, c'était moi aussi, et j'aime encore ça. Mais là ça n'était pas pareil... "Ah bon tu es enseignante? ... Mais il arrive à travailler tes élèves lorsque tu es là?" me demandait-on souvent non sans un regard de bas en haut pour me détailler, ou un coup d'oeil pour mes jambes ou ma poitrine. Je crois que ça m'a plu un temps. Beaucoup même un temps. Faire tourner les têtes de gens importants me plaisait. Comme de leur faire ravaler leurs tentatives de séductions. Ou feindre de jouer un peu avec eux lorsqu'Antoine ne me prêtait pas assez d'attention. Mais je compris très vite que me faire draguer sous ses yeux, loin de le rendre jaloux et me le ramener, l'excitait plus qu'autre chose. Dans ses soirées il était heureux d'arriver avec moi. Il disait "ma femme". Il exhibait sa femme sexy en quelque sorte. Il m'a fallu longtemps pour réaliser son manège. Comprendre qu'il n'était pas l'Antoine que j'avais connu. Que sans doute il ne l'avais jamais été.
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Commentaires :
Maxine
Salut,
J'ai beaucoup aimé tes articles, tu y as raconté ce petits moments exceptionnels qui font que ta vie n'es pas quelconque. Comme tes débuts en informatique. Ne t'inquiète pas tu sais tout le monde a débuté un jour. Ta manière d'écrire ton histoire m'a touchée.
Par curiosité Stefie ? Un diminutif entre Stefi et Stef ?