J'ai beaucoup repensé à Erwann durant l'hivers dernier. En fait j'ai pensé à lui lorsque je suis sortie de ma voiture encore complètement assomée par le choc. Il pleuvait, j'avançais dans le boue sur le bord de la route. J'ai marchais. Je marchaisau ralenti comme dans un rêve, et je me disais "je rêve... je marche...". Lorsque les secours sont arrivés, très vite, ils m'ont trouvée cent mètre plus loin. J'étais complètement ailleurs. Sur une autre planète. Il m'avait semblé revoir défiler des bouts de ma vie. Je ne me sentais pas très bien. J'avais pensé à ma mère. Et à présent je savais que j'avais pensé à Erwann. Mais je ne savais plus exactement à quoi j'avais pensé ensuite. A rien je crois. Il me semble que j'ai dû cesser de penser lorsque j'ai vu la voiture complètement démollie contre l'arbre. Que je n'ai pas compris. En fait il me semblait tellement surréaliste d'être sous la pluie, de marcher, d'être vivante... que je ne me rendais plus compte de rien d'autre. Lorsque je suis revenue sur Terre j'ai entendu un homme des secours. Il devait me parler depuis un moment. Ensuite on m'a dit que c'était un miracle, que j'aurai pu y rester. Ma Toyota Celica noire, mon petit coupé sport chéri, était complètement détruite. Il me semble que les secours étaient assez content d'être venus pour rien. Ils me regardaient comme une miraculée. On me parlait doucement pour que je reprenne totalement mes esprit. On m'a présenté une femme et j'ai été de nouveau surprise.
Je me souvenais de rouler à toute allure comme trop souvent. Durant ces quelques minutes je ne l'avais pas oublié. Jamais. Il me semblait avoir tout fait pour me tuer malgré moi. J'avais doublé à plus de 130 sur une petite route. Dans un virage. Sous la pluie. Je me sentais coupable. Et en même temps j'avais du mal à croire que j'avais pu vivre de si long mois en roulant comme cela. En me comportant comme une véritable inconsciente. Avec la rage de gagner. Comme lorsqu'Erwann ou mon frère m'emmenaient faire du kart. Mais gagner quoi en roulant aisni sur les routes?
Je roulais à toute allure. Sûre de moi. Tous les jours. Comme sur un circuit de kart. Voulant battre des chronos imaginaires. Et j'étais sortie. Une simple erruer de pilotage comme j'avais l'habitude de dire lorsque je conduisais sur ces circuits. Mais une erreure qui aurait pu me couter la vie. Comme à la femme que j'avais doublée. Est-ce pour cela que marchant sur le bord de la route je m'étais crue seule? Est-ce pour cela que je cru sortir toute seule de mon petit coupé?
Je fus surprise lorsque les secours me présentèrent la femme qui m'avait aidée à sortir de la carcasse de ma Toyota. Je la voyais pour la première fois. Non, je n'avais pas marchée seule dans la boue, sous la pluie. Elle était là, à côté. Et je ne l'avais même pas vue. Mais il parait que je lui avais parlé. Ou du moins que j'avais répété : "Il faut appeler Erwann... Il faut appeler mon frère...". Mais je ne m'étais pas entendue.
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