Ils vivent là un peu loin de tout. « La dolce vita en Normandie » comme il dit. Il vit de petits boulots, il soigne ses chevaux, il apporte les médicaments aux vieux, il fait des travaux au black à droite à gauche. Il est l’homme de confiance à qui ont fait appel pour toutes sortes de services. Alors que nous roulons au ralenti en traversant le village en direction de la grande surface, il répond à me curiosité avec un mélange de fierté et de modestie. Là, du doigt, il me montre ce portail qu’il a repeint. L’homme est trop âgé pour s’occuper encore de ce genre de choses là, ou entretenir son jardin. Il lui a aussi changé les gouttières. Il est intervenu plusieurs fois sur la toiture. Noël me propose de nous arrêter un peu plus loin. Là il installe une cuve de récupération des eaux de pluie. Une cuve plastique m’explique-t-il, pas pour boire, juste pour les arrosages l’été. La cinquantaine, bien le style normand que j’ai connu dans mon enfance, l’homme nous reçoit et nous propose le calva après n’avoir pu se retenir de me faire visiter son potager et me montrer ses pommiers. Pas de doute nous sommes en Normandie !

Elisabeth est une ancienne instit. Dépression sur dépression, alors que tout allait bien dans sa vie mis à part son métier, elle a préféré s’arrêter. Elle a donné des cours particulier. Elle en donne encore mais moins. Elle exploite le filon Ebay. Elle achète des lots par internet à des grossistes : vêtements, ensemble string soutif, DVD… Mais elle fait l’essentiel de ses revenus avec des livres pour enfants. Elles prend des grosses quantités et revend à l’unité. Avec ses deux activités elle a retrouvé ses revenus d’instit. Sinon elle fait des poteries, elle vient de s’acheter un four spécial et elle compose elle-même ses émailles. Elle vend sur Ebay. Elle vend sur des marchés et des foires quand ils ont envie de se balader.

Ils ont un Transporter Volkswagen que Noël a aménagé pour leurs petites virées. Il ne faut pas le dire, comme pour toutes les activités illégales de Noël, ses travaux de peinture, ses installations de plomberies, mais il fait aussi dans l’aménagement de camionnettes. C’est ainsi que Nelly les a rencontrés. Au déjeuner, pris sur le pouce, elle discute surtout avec lui de la camionnette qu’il doit lui préparer pour ses tournées.

Elisabeth m’explique comment elle a organisé les chambres pour la nuit afin de caser plus de dix personnes dans l’ancienne ferme qu’ils habitent. Elle est surexcitée, au moins bien autant que Nelly ne l’était sur la route en venant. Elisabeth organise sur le papier la table pour le dîner. Elle compose les menus du week-end… Si Nelly en est à son coup d’essai pour ce genre de week-end, Elisabeth à une certaine expérience… Elle m’emmène jusqu’à la grange.