Il a choisi des cartes postales à deux francs. Je n’en ai pas prise. J’ai rien acheté. J’ai bien regardé les livres de poches vendues dans le tabac-presse, mais je n’y ai vu que ces nullités qu’on vend aux vacanciers. Il cache l’étui sous son manteau, on sort en courant se réfugier dans un des ses café-bar à l’ambiance feutrée. Banquette confortable, odeur de chocolat chaud, photographie vivante de la Normandie la tête sous les nuages. Je lui sort un stylo de mon sac à dos, il sort ses cartes pleine de soleil et de falaise de l’étui en papier. Il commence par noter les adresses qu’il connaît par cœur. Il sort son nez de tout cela pour me retirer des grains de sable collés sur un endroit mystérieux de mon visage. Il m’embrasse. Le serveur, embarrassé, nous interrompt en nous apportant nos laits chauds ainsi que les pains au chocolat.
« La vie est belle ! » déclare-t-il en me faisant sourire et saisissant son quatre heure. Il me met du baume au cœur malgré lui. Il me fait oublié que pour une des rares fois où j’invite un chéri en week-end il pleut comme vache qui pisse. Je ne me dis plus : « Dans quel déluge l’ai-je embarqué ? ». Je le vois ravi et ça me réjoui. J’ignore ce qui le réjoui ainsi mais je le trouve comme un enfant, au fond de moi j’ai des images que j’aime, parce qu’il me semble le voir petit, en Normandie sous la pluie, réfugié dans un de ses café avec sa mère et peut-être cette grand-mère à laquelle il écrit une carte postale, et déchiquetant à pleine dent et joyeusement un pain au chocolat. Il me semble que cette enfant et l’enfant que j’étais se seraient bien entendus, joyeux ensemble de sortir de leur solitude.
Je ne dis rien. Il écrit. A la fin de chaque carte il me lit en rigolant les courtes banalités qu’il a écrit. Il parle de moi et ça me plait malgré la concision. Je signe quelques cartes au bas, des personnes que j’ai pu croiser.
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Commentaires :
Kyra
Content de te revoir