Personne ne me croit si je dis qu'en huit ans je ne suis jamais allée voir ailleurs. Mes interlocuteurs lorsque ce sujet est abordé lèvent les yeux en guise de doute, comme si le ciel leur disait autre chose. A moins qu'ils ne sourient : "D'accord, on a compris tous les deux... Ta négation vaut tous les aveux!". Pourtant il en est ainsi. Je ne dis pas n'y avoir jamais pensé. Mais je ne l'ai jamais fait. Pas une seule fois je n'y ai pensé assez fort, et à aucune occasion cela n'est devenu une obsession suffisante au passage à l'acte. Antoine ou un autre, je n'ai jamais trompé. "Comme tu es tu as bien du te faire draguer quand même?". Certes, mais ce ne fut jamais suffisant. D'une certaine manière au contraire, il me semblait pouvoir le faire si facilement, avoir cet homme ou celui-là en faisant si peu d'efforts, qu'il ne m'est jamais venue le besoin d'aller dans les bras d'un autre vérifier que j'étais toujours bel et bien désirable. Mes amies justifient leurs infidélités ainsi, moi je pouvais vérifier chaque jour sans avoir à me laisser déshabiller. Là était la différence. Après huit années du même homme, désormais partie, je me demandais à quoi ressemblerait le prochain auquel je me livrerai. Même si je n'étais pas en chasse, il me tardait d'une certaine manière de le savoir. Je désirais savoir quel homme viendrai vers moi et ce qu'il lui faudrait pour avoir également envi de lui.
Le premier à être venu vers moi après ma séparation ne s'y prit pas du tout comme j'aurai pu l'imaginer. Il ne vint pas me voir. Il ne me glissa pas non plus de petit bout de papier avec son numéro de téléphone griffoné dessus.
Mon frère venait de trouver la maison de ses rêves. A trente kilomètres de là. Je fus d'abord étonnée qu'ils achètent une maison, Anne et lui, alors qu'ils n'avaient jamais vécu ensemble. Mais il avait précisé : "J'achète la maison dans laquelle nous allons vivre ensemble". Ainsi cela était-il clair. Il me laissait l'appartement. Toute seule cela allait me prendre une grosse partie de mon salair, je me demandais si j'allais partir en vacances. Il y avait bien un peu d'argent de côté. Mais dans la ville de mon enfance, presque un village, je me sentais comme au bord de la mer. Allais-je partir simplement parce que j'en avais les moyens? Avec Antoine j'avais pu mettre de côté, je n'avais jamais le temps de m'acheter des fringues. Il payait tout. Je réfléchissais à partir en vacance seule, l'envie de partir me manquait, mais pas celle d'être seule. En attendant j'aidais mon frère et sa copine à déménager en cette fin de mois de juillet. Nous n'en étions qu'au début lorsque le premier billet arriva dans la boîte aux lettres. Il était près de midi. Le facteur venait de passer et mon frère revenait avec le courier dans ses mains. Il rigola en tombant dessus. "A ton âge..." s'amusa-t-il en regardant le pli.
_ A ton âge on t'envoie encore des lettres parfumées... Comme c'est touchant!
Je ne comrpis pas avant qu'il ne me la tende. Je lu. Ce n'étais pas l'écriture d'Antoine et c'était un poème. Parfumé en effet. Qui avait pu déposer cela dans la boîte?
_ Sans doute un de tes anciens admirateurs du lycée. Il aurait sans doute appris que tu étais revenue... Ce qui prouve qu'ici les nouvelles vont vite. Je peux lire?
Non. Je le relisais avant. Je trouvais cela très beau, trsite, émouvant et plein d'amour. Plein d'espoir aussi. En effet depuis le lycée on n'avait jamais du me refaire ce coup là. En lectrice longtemps assidue de romans policiers je me disais qu'un d'eux avait du récidiver. Dans ma tête je cherchais l'auteur parmis ces anciens postulants. "Tes amoureux transits" comme disait ma soeur déjà lorsque j'étais au collège. Je tendis la lettre à Anne. Petite vengence pas méchante contre mon frère et son sourire moqueur à mon égard et son petit "Oh mais tu es émue en plus! Si j'avais su que ça marchait encore...". Anne trouva cela très beau elle aussi. Mon frère pris la lettre. Il la lu à voix haute :
J'aurais aimé t'aimer
Comme on aime le soleil
Te dire que le monde est beau
Que c'est beau d'aimer
J'aurais aimer t'écrire
Le plus beau des poèmes
Et construire un empire
Juste pour ton sourire
Devenir le soleil
Pour sécher tes sanglots
Et faire battre le ciel
Pour un futur plus beau
Mais c'est plus fort que moi
Tu vois je n'y peux rien
Ce monde n'est pas pour moi
Ce monde n'est pas le mien
Il éclata de rire de nouveau. "C'est pas une écriture d'adulte ça... Tu as vu cette application? ... Celui qui t'envoie ça a pas plus de vingt ans. Et il écoute Damien Saez -Qui ça? - Damien Saez! Tu sais "Encore un jour se lève sur la planète France!" - Connais pas! - Et bien le texte est de lui. C'est un passage d'une de ses chansons... "Je veux qu'on baise sur ma tombe" me semble-t-il - Sur sa quoi? - Sur sa tombe!!! C'est un concept... - Oui c'est quelque chose qui se défend... C'est original en tout cas - En tout cas, à moins que ce ne soit Damien Saez qui t'écrit, ce qui est peu probable, à moins que lui aussi sache déjà que tu es revenue... Et vu l'écriture soignée et le parfum, je suppose que tu as un amoureux caché dans le quartier qui écoute Saez et a entre quinze et vingt ans...".
Je repris ma lettre un peu contrariée. Evidemment j'étais touchée qu'on m'envoie une lettre parfumée. Sans doute de vieux reste de fleur bleue que je n'ai jamais renié ni refoulé. Seulement j'aurais préféré un poème original. Même si je trouvais le passage bien choisi et que j'avais très envi d'écouter cette chanson que je ne connaissais pas. Mais l'âge supposé de l'expéditeur de ce billet me décevait quelque peu. Je m'étais mise à divaguer légèrement pour rien en fin de compte.
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Commentaires :
Re:
Cher Gourmand,
Merci du compliment. Tu en auras donc encore pour te remercier. Je compte raconter la suite ne t'inquiète pas!
PS : si tu dois laisser encore des commentaires, à présent merci de garder ce pseudo et toujours signer, sinon je ne pourrai pas te reconnaitre. Mieux, tu peux sur www.joueb.com te procurer un identifiant gratuitement!!! (Je touche rien sur les inscritpions je te rassure)
Je te laisse un message. J'ai découvert ton blog dimanche et depuis j'attends la suite avec hâte à chaque fois. J'ai dix-huit ans et je toruve que ça change de lire des personnes plus âgées. Il y a trop peu de blog comme ça. Tu écris bien et c'est intéressant. Puis je suis contente de découvrir qu'à vingt-huit ans on peut être comme toi.
Bises.
Sarah.
Re:
Sarah,
Ton message me fait plaisir, surtout si j'ai réussi à démontrer qu'à vingt-huit ans la vie n'est pas fiinie et qu'on est pas vieille (comme j'ai pu l'entendre ici ou là) !!!
A très bientôt ici, et n'hésite pas toi aussi à prendre un identifiant sur joueb.com!
Bises.
Et dis moi, il faut que tes admirateurs secrets aient quel âge minimum pour que tu sois pas déçue?
JM
Re:
Bonne question. Je n'y avais pas encore réfléchi. Est-il important que je donne une réponse?
Il y en a bien quelques uns dans ma classe... J'en ai eu en maternelle, de très jolis dessin avec des coeurs... Et je ne crois pas avoir été déçue. Eux peut-être l'ont-ils été.... Je ne sais pas. A partir de dix-huit mois disons ! lol.
Concernant mon blog je ne sais pas davantage. Il me semble que je ne peux pas être déçue. D'ailleurs dans cette histoire je n'ai pas vraiment été déçue...
Re: Re: Re: Re: Re:
Eh mais j'espère bien! J'aime bien aussi ce que tu fais, donc ça me fait plaisir.
Bises. Passe une bonne soirée!
J'aime beaucoup de lire, tu as un talent indéniable. J'en veux encore!
Un gourmand