« Délice à la frangipane »… je n’ai jamais été très d’accord avec ce point de vu. La fève et la couronne m’ont longtemps bien d’avantage inspirée. Je voulais être la reine. La reine de papa et maman, la reine de la famille, la petite reine de mon frère et de mes sœurs. J’aimais beaucoup choisir entre mon frère et papa lorsque je devais prendre mon roi et partager mon règne. Mon frère avait le mérite de jouer avec moi… Même s’il ne portait pas aussi longtemps que moi sa couronne, je me souviens de millier de jeux que nous avions. Durant mon enfance mon frère était mon meilleur ami, mon meilleur compagnon pour emmener avec moi la famille playmobile en vacance, fabriquer des châteaux de legos et inventer de belles histoires de princesses à libérer des dragons… Avoir la fève c’était pouvoir être la reine de mon père, ou bien de longues heures de jeux avec mon frère. Entre les deux je ne savais pas trancher. Je veillais scrupuleusement à maintenir l’équité. D’ailleurs j’avais toujours la fève… Les galettes de mon enfance étaient bien faites. Toute la famille complotait pour mon plaisir… Et avec moi il durait jusqu’à ce que la couronne ne tienne plus sur ma tête, trop abîmée, réduite en bouillie de carton brillant. Je savais ce qui m’attendait… J’avalais la galette à toute vitesse, sans réfléchir… Sans me dire que ce n’était pas un dessert si bon. C’était le meilleur de tous à mes yeux d’enfants ! C’était la période de l’année des rois et des reines… J’étais transportée dans des contes merveilleux de princes à la houppette, de princesses vêtue de peau d’âne, de chevaliers au grand cœur, et de chats bottés… dieu que la galette était bonne.
Après c’était le retour à la réalité… Plus tard en grandissant j’ai découvert que pour les grands une autres fête venait pour les plus patients. Après le rêve de noël, la galette des rois, venait le temps des roucoulades, on se dessinait des cœurs, je recevais des poèmes, et même un peu plus tard on me tendit de petites boîtes avec une bague, un collier, un pendentif…
Dimanche midi en famille. Papa, Luc et moi… Je pense un petit peu à Maman comme cela m’arrive de temps en temps… Souvenir ému pour l’enfance, nous avons trop mangé, la galette ne tient pas dans nos ventres, la galette est bien trop grosse. Une petite part chacun. Personne ne tire la bonne part. Avant de repartir chacun de son côté Papa coupe la galette en trois. Une part chacun, pour manger seul le soir si on veut… Une part dans son emballage brillant de papier aluminium froissé…
Je déballe ce qui était autrefois un de mes plus beaux trésors. De l’eau est passée dans la vallée merveilleuse des princes et des princesses… Les rois et les reines ont bien vieilli. Je regarde la télévision sans envie et je mange sans plus de plaisir une moitié de mon sixième de galette. Rien. Je farfouille dans le morceau restant pour demain. La fève s’y est-elle cachée ?
Là, mal cachée, ajoutée dans la frangipane, je trouve ce petit clin d’œil de mon papa… Je pose le petit santon devant moi sur la table basse, à côté de mon verre. J’hésite entre sourire et pleurer.
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